Retour de voyage : Mathieu en Égypte, entre veille et lumière Arrivée au Caire, une immense fourmilière où grouille une vie diurne et nocturne. La ville ne dort jamais. On dit même que durant le ramadan, elle dort deux fois moins. Il est 4h. Lever difficile. 5h de sommeil tout au plus. Mais l'excitation du voyage et l’énergie de la ville donnent des forces et des pouvoirs jusqu’ici inconnus. Le bus part dans la nuit. Nous traversons la ville, étrangement animée pour une heure aussi matinale. Les chants des muezzins donnent le ton. Et puis… face à nous, majestueuses et éternelles, les pyramides nous contemplent sans vouloir se dérober à nos regards enfantins. Plus personne ne parle. On laisse le soleil se lever. Il est déjà temps de partir. Retour en ville. Bâtiments fêlés, construits de terre cuite et d’un semblant de ciment. Mais qui se dressent fièrement. On est bien au sein de la civilisation des bâtisseurs. Rendez-vous ensuite au tout nouveau Grand Musée Égyptien, qui impressionne dès l’entrée. Un bâtiment ultra-contemporain, aux lignes épurées, presque futuristes. Mais à l’intérieur, tout parle du passé. Chaque vitrine, chaque salle, semble habitée par la mémoire du monde. Les masques, les statues, les sarcophages… tout est là, intact ou presque, comme si les siècles n’avaient rien effacé. On avance à pas lents, happés par la beauté, submergés par le génie de ces mains anciennes qui ont tout construit. Puis vient la vallée des rois. Changement de décor. Le désert s’ouvre, brut, brûlant. On descend dans les entrailles de la roche, dans ces tombeaux que les pharaons ont fait creuser pour l’éternité. Les parois sont couvertes de peintures aux couleurs encore vives, les hiéroglyphes dansent sur les murs. Le silence est total, presque solennel. L’air y est lourd, la lumière rare. On chuchote sans savoir pourquoi, comme si on venait de pénétrer dans un monde où le temps s’est arrêté. Et que dire de Karnak. Monumental. Le soleil frappe les pierres, joue avec les ombres. Partout, des colonnes s’élèvent, immenses, sculptées comme des tiges. Certaines sont fermées, d’autres ouvertes, comme des fleurs de lotus figées dans la pierre. On apprend qu’elles ne sont pas placées au hasard : à l’ombre, sous les toits, les bourgeons restent clos. Dans la lumière, les pétales s’épanouissent. Tout ici obéit à un ordre ancien, précis, presque sacré. Chaque détail gravé, chaque relief, témoigne d’une puissance tranquille. L’Égypte a bouleversé mes repères. Pas seulement par ses merveilles. Mais par son rythme, sa tension, son souffle. J’y ai veillé plus que dormi. Et pourtant, je ne me suis jamais senti aussi vivant.
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